"Nous avons tous été frappés par l'aventure de cette jeune femme (Natacha Kampusch), petite fille d'abord, séquestrée durant huit années, s'offrant à une part secrète, maudite, de notre curiosité, de notre inconscient. Ma curiosité de cinéaste est singulière. Je veux tenter d'imaginer, de pénétrer la pensée, les affects de l'homme, le ravisseur. Je veux orienter l'attention du spectateur, vers l'autre face du miroir, vers la face cachée de l'histoire, l'envers de sa médiatisation". (M.H.)

Marcel Hanoun (né à Tunis en 1929), a fait soixante-dix-sept films (ce n'est qu'une image). C'est un travailleur de l'éphémère et du pérenne, passé depuis les années 50 du 16 images/seconde (cinéma d'amateur) au 24 puis 25 images/seconde (la vidéo), du 35 mm au Super 8. Il pratique la fuite en avant, accumulant réalisation sur réalisation, avec des moyens illimités et dérisoires, pour un avenir élastique et lointain. Longtemps il a voulu être maître de sa liberté, s'affranchir du corporatisme, de la pesanteur économique du cinéma et de trompeuses règles de la faisabilité du film. Il a toujours tourné dans l'urgence et la nécessité, dans une clandestinité obligée, des films peu montrés, souvent refusés avant même d'avoir été vus par des instances culturelles et commerciales. Ses images sont des images de contrebande, celles d'un marginal et illicite commerce. Elles sont vraies d'être travaillées à la faux, face à toutes les images licites et pornographiques. Il croit que l'oeuvre n'a pas d'époque, que le temps ne peut corrompre le langage. Il croit aussi que « la mise en circulation, la diffusion de toute nouvelle création audiovisuelle est un droit, elle ne peut qu'être un pari, le pari que l'oeuvre parte à la découverte d'un public nouveau, inconnu, qui reconnaisse à son tour une oeuvre nouvelle, non répétitive, inattendue. Marcel Hanoun a déjà publié Cinéma, cinéaste chez Yellow Now en 2001.